Comme une Résurgence est une mise en lumière de la cité des Aygalades à partir de photos de familles et de récits de vie des habitants.
Comme une résurgence des eaux des Aygalades, photos, paroles, témoignages, souvenirs, émotions s’entremêlent pour fabriquer une histoire du quartier et créer des envies de faire ensemble.
L’idée a germé de la rencontre d’un photographe et d’une archéologue.
C’est d’abord l’envie d’Abed Abidat, photographe, né ici, convaincu par les émotions suscitées par les photos de familles. Entre retrouvailles et étonnements, certains se découvriront en effet pour la première fois enfant. C’est aussi l’idée de faire remonter le passé pour comprendre le présent comme le fait l’archéologue Nathalie Cazals. Enquêtes de terrain et fouilles dans l’intimité des récits pour faire resurgir des éléments d’intérêt commun.
Ceci est une invitation à regarder par la fente d’une porte entrouverte les souvenirs d’enfance, les joies, les peurs, les repas partagés collectivement au temps où le travail garnissait les marmites. C’est aussi une invitation à partager la diversité des points de vue pour changer de focale et regarder autrement la cité. Pour ne plus considérer en bloc un grand ensemble et aller à l’encontre des idées reçues trop souvent tirées à grands coups de kalachnikovs, les habitants se racontent par leurs récits et photos personnelles.
Décrire un quartier par son quotidien, c’est se rendre compte combien d’ingrédients s’apparentent au village où le mauvais œil est dans celui du voisin, où les commerces ferment, où les mariages réunissent, où les carnavals illuminent et où l’on enterre les souvenirs avec les morts, sous le porche !
Le porche, le passage vers la 2e cité, la montée au Plateau autant de lieux mémorables nommés par les habitants. Ne seraient-ils pas aussi emblématiques pour ceux qui y habitent que l’architecte Jean Rozan, les châteaux disparus et les inaccessibles cascades ? Ils séparent des espaces : en bas la 2e cité, celle de l’autre côté de l’autoroute, puis la cité du milieu et ses familles nombreuses et en haut, domine le Plateau. Des espaces différentiés où ascensions géographique et sociale vont de pair. Des différences sociales, réelles ou surestimées, issues de l’histoire de la sociologie du quartier et de la gestion des attributions locatives.
Photographies et récits donnent un regard sensible sur « une cité tranquille, tenue », non plus par les grands frères dont le rôle a disparu mais grâce aux projets d’animations, aux acteurs sociaux dont l’investissement dépasse heureusement leurs moyens ; grâce surtout aux familles qui font le quartier depuis qu’il existe, pour qui le « chez nous » doit s’entretenir, pour qui on peut vivre heureux aux Aygalades : il n’y a qu’à regarder toutes ces photos de familles.
Le plus touchant patrimoine est vivant et les histoires familiales en constituent certainement l’essence aux Aygalades. Parce que le patrimoine ne se décrète plus au XXIème siècle mais se construit volontairement ensemble au-delà des différences de représentations :
Habitants d’hier ou d’aujourd’hui, passant d’un jour, chercheurs, artistes, travailleurs sociaux, vous êtes invités à contribuer vous aussi au projet de recueil de mémoires, de récits, de photos, d’avis et d’envies en nous écrivant sur le site dédié www.aygalades.com.
Nathalie Cazals